On dit que la famille Law est une des plus puissantes de Kurosaki. Pour cause, ils sont propriétaires de trois dojos dans le sud de la ville. Ceux-ci ont été établis, dit-on, durant les instants de paix. Néanmoins, ils n'y ont jamais acceptés les hybrides en tant qu'élèves, pour autant que l'on sache. Personne ne leur en tenait rigueur sachant qu'ils participent énormément à l'économie de la ville. Puis ils organisent des tas de réceptions pour plaire aux gens aussi. D'ailleurs le soir ou Némésis est née, le 04 décembre 2573, ils avaient prévus une soirée pour inaugurer une nouvelle salle d'entraînement qui serait mise en service après Noël. Shô Law, le chef de famille avait fait enfermer Pandore, la mère de Némésis pour ne pas que ses hurlements fassent peur aux invités. Cependant, elle eût droit à ce que deux autres hybrides lui vienne en aide. Volontairement, par cruauté de la part de la famille, ceux-ci furent choisis pour leur maladresse. De fait, Pandore accoucha pratiquement seule, à bout de forces. Les maîtres choisissaient toujours des prénoms de dieux, de déesses et personnages mythologiques pour leurs esclaves, ainsi ils se montraient d'autant plus supérieurs.

Durant sa petite enfance, Némésis fût assignée au chevet de la benjamine des Law, Aya, qui souffrait d'une maladie grave atteinte à la naissance. Némésis la veillait longuement durant la journée, parfois même la nuit. Elle lui changeait toutes les heures la compresse froide qui devait lui faire baisser sa température, s'assurant que sa petite maîtresse ne manquait de rien. Bien sûr Némésis était souvent seule, car Aya passait plus de temps à dormir qu'à parler, mais une fois éveillée, la petite fille de huit ans se révélait très divertissante. Secrètement, elle apprenait à lire et écrire à Némésis, qui était bien souvent son unique compagnie. Ses parents, sa famille, ses ancêtres, n'avaient que faire des faibles. Et Aya en faisait parti. Ce qui dégoutait déjà Némésis du haut de ses cinq ans, qui trouvait sa petite maîtresse de loin la plus compréhensive. Plusieurs fois alors qu'elle remplaçait d'autres esclaves aux dojos, elle eût l'occasion de voir combien Shô et ses fils aînés Tôkya et Shin agissaient froidement et sans pitié tant vers les esclaves que les élèves.

La première fois que la jeune Ookami en fît les frais, quatre ans plus tard, elle prit sur elle de défendre Aya alors que les Law s'étaient réunis pour décider de son avenir :

- Je ne vois pas pourquoi nous sommes ici, soupira Shin en baillant presque, Aya n'a pas sa place au sein de la famille, vous le savez tous.

En effet, ils se regardèrent tous d'un air entendu. Même la matriarche Keira semblait d'accord et hocha évasivement la tête. Chacun dans cette demeure pensait avant tout à ses soucis, ( hormis pour le dojo), avant ceux des autres. Tôkya, en caressant Pan, son Usagi, reprit, encore plus tranchant :

- Tu as raison, mais si elle encore en vie d'ici un mois, ainsi que le veut la coutume nous devrons compter avec elle et diviser en trois l'héritage, n'est-ce pas Père ?


A ce moment là, Némésis se chargeait justement de préparer un plateau de biscuit à l'intention de la petite fille qui dormait paisiblement. Ses oreilles se dressèrent, attentive. l'Ookami savait déjà que rien de bon de l'attendait à grandir dans cette immense demeure, rempli d'esclaves qui subissaient multiples tortures. Le plus hargneux était sans doute Shin, se dit Némésis avec tristesse, sa neko Hélène ne sortait jamais d'une ballade indemne. Soit elle était violée à l'abri des regards indiscrets, soit il la frappait pour son bon plaisir autant de fois qu'il le souhaitait.
Évidemment, ceci n'avait aucune espèce d'importance pour Keira et Shô, fulminait Némésis. Ils avait bien été capable de laisser Pandore mourir sous l'effort de l'accouchement. Oui, Némésis le savait, Pan le lui avait dit. Elle détestait Pan. Il était l'esclave le plus mesquin et m'as-tu-vu de la villa, ne se privait jamais de dénoncer ses congénères. Cependant, elle ne comprenait pas grand-chose. Bien qu'elle n'éprouve déjà pas d'affection particulière pour les autres esclaves ( qui le lui rendaient bien) pourquoi s'acharnaient-t-ils, ces Law de malheur à persécuter les autres ? Aya, qui plus est.

- Messieurs, Dames me chasseront certainement d'oser la chose mais Aya-Ôjo-sama est une personne digne d’intérêt, vous auriez tord de la renier.

Pan ainsi qu'Hélène suffoquèrent. Ils se demandaient certainement ce qu'ils allaient prendre pour ce que l'une d'entre avait osée dire. Némésis, comme à chacun de ses accès de colère, tremblait. Ses poils bruns se hérissait sur son corps âgé de dix ans.