Willow. Une masse de cheveux roux, plus rouge qu'autre chose, encadre son visage en une foule de mèches folles, rebelles, pointant dans toutes les directions tandis qu'une poignée de cheveux plus court se dressent sur le dessus de sa tête, rappelant étrangement une flamme écarlate. Une chevelure sans cesse en bataille, toujours ébouriffée, lui donnant un vague air un rien sauvage, attirant le regard. Et, contrastant avec l'éclatante couleur de ses cheveux, une peau pâle, plus clair que réellement blanche.

Sur son visage, deux yeux d'un ambre jaunâtre qui semblent presque briller d'une lueur interne éclairent son visage où les émotions se succèdent les unes à la suite des autres comme dans un livre ouvert. Et sous ses yeux, deux toutes petites lignes noires, semblables à des tatouages, s'étirent jusqu'à ses joues lorsqu'il fait usage de ses pouvoirs. Des canines, plus pointues que la moyenne, à peine dissimulées par son sourire en coin. Des cicatrices, longues et pâles, ici et là sur son corps, sur ses épaules, ses bras, son dos, son torse. Comme un souvenir.

Mince, fin, il est loin d'être particulièrement musclé, le tout lui donnant un air gamin, vaguement féminin que son nom ne tend pas à démentir. Mais attention, c'est le genre de chose que l'on est mieux de mentionner dans son dos. Parce qu'il risque de vouloir mettre son poing à la figure au premier qui lui dit qu'il porte un prénom de fille. Pourtant, on ne peut pas réellement leur en vouloir, parce qu'il faut bien se l'avouer, avec ses sourcils fins, ses membres frêles, son 1m53 et son visage triangulaire, il n'est pas des plus virils, loin de là. Un vrai nain de jardin, même.

Et si certain aurait pu s'imaginer l'archétype du démon, vêtu de noir de la tête au pied, disons seulement que Willow, il est de ceux qui emmerde bien profondément les stéréotypes. Lui, il s'habille comme il le veut, quand il le veut, et portera bien du blanc s'il en a envie. Point à la ligne.

Willow, il est bruyant. Il attire l'attention, consciemment et inconsciemment, parfois en bien, souvent en mal. Il déteste l’ennui, il déteste le silence. Il semble toujours en mouvement, jamais vraiment immobile, brûlant d'une énergie qui semble presque sans fin. Joueur, moqueur, il aime s'amuser au dépend des autres, peu importe comment, que ce soit en usant de son sarcasme souvent agaçant, ou alors en mentant, trichant, jouant des tours rarement innocents. Il aime parvenir à ses fins, et fera un peu n'importe quoi pour y arriver, et tant pis s'il fait usage de moyens peu recommandables.

Willow, il est sûr de lui, ne refusant jamais un défi lancé, emplit de cet orgueil qui le rend tellement facile à mettre en colère. Une vrai tête brûlée, impatiente, toujours en train de penser au moment présent et rarement plus loin. Fougueux, aussi, et déterminé. Il n'aime pas perdre. Il n'aime pas qu'on lui prouve qu'il a tord, étant terriblement susceptible. Il dégage sans même le remarquer cette aura vivante qui donne l'impression qu'il est plus grand qu'il ne l'est vraiment.

Lui, il s'énerve facilement, montant sur ses grands chevaux pour un rien. Lui, il est de mauvaise humeur la moitié du temps, et quand il ne l'est pas, il est souvent un peu bougon, toujours un rien sur la défensive, pouvant trouver quelque chose d'offensant dans presque tout ce que vous aller lui dire; il semble d'ailleurs ne connaître que deux réponses. Soit il explose, soit il se munit de son sourire en coin pas vraiment gentil et réplique avec quelque chose d'encore plus vexant. Il a souvent tendance à se montrer agressif, dans ses paroles, dans ses actes, même si, quelque part, il essaie tant bien que mal de réprimer ses pulsions. Parce qu'il en a marre de n'être vu que comme un 'démon' et rien d'autre, parce que même si ses ancêtres ont fait une erreur, ça ne veut pas dire qu'il sont tous comme ça. Lui, il déteste se faire dire quoi faire; il doit être le maître des hybrides? Ah ah. Qu'ils gardent leurs idées et leurs façons de faire pour eux, merci bien. Il est capable de penser pour lui-même, au diable ce qu'il 'devrait' faire.

Et autant d'un côté, il est égoïste, pensant toujours à lui en premier, allant rarement aider qui que ce soit s'il n'y trouve aucune compensation, autant il fait partie de ces démons qui n'en ont rien à faire, des esclaves. Ils veulent retrouver leur liberté? Grand bien leur en fasse, tant et aussi longtemps qu'ils le laissent en paix. Willow, malgré tous ses défauts – qui, entre vous et moi, sont particulièrement nombreux -, possède cet étrange sens d'égalité, où personne n'est vraiment mieux qu'un autre. Parce qu'il est fier, et qu'il n'accepte pas qu'on lui dicte ses actes. Mais comme sa mauvaise foi est aussi développée que sa susceptibilité, si on lui demande, il trouvera toujours une autre raison pour l'expliquer. Toujours. Et faut pas s'étonner si un jour, on le voit s'impliquer directement dans la chose, et au diable les conventions sociales. Peut-être ne possédera-t-il jamais d'esclave. Et si au contraire, il se décide à en prendre un, c'est simplement parce qu'il l'aime bien – ce n'est pas non plus comme s'il avait à le traiter comme tel, après tout. Et si ce dernier veut s'en aller, qu'il le fasse et c'est tout.

Lui, il n'aime pas les contacts physiques trop prononcés. Lui, il n'aime pas quand les gens s'approchent de lui de trop près. Mais surtout, il déteste qu'on lui pose des questions. Parce que ça ne regarde personne, et parce qu'ils n'ont pas à fourrer leur nez dans ce qui ne les regarde pas. Lui, si on le touche, il s'énerve, ou il essai de vous casser la gueule. Et il n'aime pas qu'on le regarde de haut. Jamais. Il fait comme s'il n'avait peur de rien, mais ce n'est qu'un mensonge. Une façade craquelée, même pas bonne à cacher la vérité.

Willow, il est énervant. Willow, il est agaçant. Sans le vouloir, il repousse les gens qui tentent de s'approcher trop près de lui- c'est sans doute pour cela qu'il tient particulièrement aux quelques personnes qu'il considère proche de lui; et gare à ceux qui pourraient être tentés de s'en prendre à ces derniers. Mais enfin, vous êtes prévenu.

Une histoire, une vie comme les autres. Peut-être. Sans doute; mais pour ce qu'il en savait, des autres... Il est né dans une famille de démons, et a été élevé comme tel. Ou du moins, c'est ce qu'on lui a dit, et il n'a jamais vraiment cherché à le vérifier. Ses parents, son frère aîné et lui. Personne d'autre – et sans doute était-ce tout aussi bien comme ça.

D'aussi loin que Willow pouvait se souvenir, il n'y avait pratiquement qu'une seule chose que son père avait essayé de lui inculquer. Que dans la vie, il faut être fort. Dans la vie, ce sont les puissants qui gagnent, et les faibles périssent. Et ce dernier avant sans doute sa propre manière de le leur apprendre, à son frère et lui. Parce qu'il devait les endurcir. Parce qu'ils ne devaient avoir peur de rien ni personne – même si la seule chose que son père réussit à faire fut sans doute de se faire craindre lui-même. Et parce que 'les démons, ça pleure pas, alors la ferme, Willow, ou c'est une vrai que tu vas te ramasser cette fois'.

Et les années passèrent, les unes à la suite des autres, toutes semblables dans son esprit, si bien qu'elles finirent toutes par se mélanger. Puis un jour, alors qu'il avait onze ans, son père était partit. Et n'était jamais revenu. Était-il mort? Avait-il, quelque part, trouvé quelqu'un de trop fort pour lui, et n'avait tout simplement pas pu gagner? Ou alors, en avait-il simplement eut marre de lui, marre d'eux et était partit ailleurs, loin, sans jamais regarder derrière lui, vivre une nouvelle vie, tout recommencer à zéro pour des raisons qui lui étaient inconnues? Il ne le savait pas, et, dans un sens, préférait sans doute ne pas le savoir – et de toute manière, ce n'était pas comme s'il gardait de particulièrement bons souvenirs de lui. Mais, en cet instant, il comprit une chose.

La force n'était pas tout. Car si son père, qu'il avait pourtant toujours vu comme étant quelqu'un d'invincible, était bel et bien mort, alors il avait faillit. Et s'il était partit, il avait fait preuve d'une lâcheté qu'il n'aurait jamais pu imaginer de lui. Mais quelque part, une partie de lui ne pouvait s'empêcher de se montrer reconnaissante; de toute façon, il avait encore ses cicatrices et sa répulsion, sa peur des contacts physiques pour se souvenir de lui. Et c'était bien suffisant.

Et Willow commença à voir les choses différemment. Lentement mais sûrement. Commença à en avoir marre qu'on lui dicte comment agir, quoi penser, comment se comporter. De toute façon, de quel droit se permettaient-ils de lui dire quoi faire? Ils ne lui étaient supérieur en rien, alors pourquoi? Et il se mit à en faire à sa tête; au diable les règles et les conséquences. Il avait ses propres buts, il suivrait sa propre voie, et qu'importe ce que sa mère, ce que les autres pourraient en dire.

Puis il se mit à penser que, peut-être, finalement, ces hybrides, ces esclaves n'étaient pas si différents que ce que l'on voulait bien lui faire croire. Après tout, pourquoi se donner tant de mal pour répandre cette idée si elle était réellement vrai?

Et pourquoi réagir de cette manière dès qu'il osait soumettre cette idée? Comme si le fait même de penser quelque chose du genre était tabou. Puis, au bout d'un moment, Willow en eut marre. De toute manière, ce n'était pas comme s'ils avaient vraiment besoin de lui, pas vrai? Il voulait aller faire sa vie, loin de sa mère, de son frère qui ne semblaient pas pouvoir le comprendre. Il était assez vieux, il pouvait s'occuper de lui-même, et il n'y avait rien qui le retenait.

Non, rien du tout...